Outre la dimension technique de l’industrie 4.0, l’interaction future entre l’homme et l’automatisation est aussi un aspect important de l’étude de l’IAO. «Tout ne sera pas automatisé. Il n’y aura pas de production entièrement autonome, sans individus», affirme Tobias Krause. «Le travail humain reste un facteur clé de la productivité. L’homme peut réagir intelligemment, sans être programmé pour chaque situation. Il est créatif, flexible et s’adapte aux nouveaux processus. Dès lors que les employés identifient la nouvelle technique comme une valeur ajoutée pour leur propre travail, il est plus simple pour eux de l’adopter.»
Dans la production du futur, des moyens de communication mobiles, tels des téléphones portables ou des tablettes sur les sites de montage, aident les employés. «L’objectif doit être d’intégrer l’homme au système en lui conférant une compétence de décision. Pour ce faire, les informations nécessaires doivent être soigneusement préparées et transmises», souligne Tobias Krause. «Les moyens de communications mobiles favorisent aussi la flexibilité des capacités. Lorsqu’une machine est défectueuse, les employés en réseau peuvent rapidement se concerter pour définir qui est compétent et peut intervenir pour procéder à la réparation.» La phase de développement et d’introduction de ce type de systèmes implique aussi de maîtriser certains enjeux, et pas seulement le calcul de rentabilité. Il s’agit d’enjeux liés à la normalisation, à la sécurité et à la stabilité selon Jan Krückel, responsable de la gestion des produits et des applications Automation, Motors & Drives chez ABB Suisse. «L’industrie 4.0 doit fonctionner efficacement, pas tâtonner», affirme-t-il dans son discours d’introduction à la conférence technologique Ostschweizer Technologiesymposium organisée à la mi-août 2014 à Saint-Gall sur le thème de l’industrie 4.0. À cet égard, ABB s’engage à concilier faisabilité et pertinence.
Avant que les ouvriers puissent commencer à travailler dans un atelier de l’industrie 4.0, les installations doivent être construites et électrifiées, les logiciels doivent être conçus et l’interaction entre tous les éléments doit être contrôlée. «Alors qu’auparavant on s’occupait d’abord de la mécanique et de l’électricité et ensuite de l’aspect logiciel pour tester la machine terminée, on traite aujourd’hui en parallèle l’ingénierie et la mise en service», explique Nicolas Mauser, chef de projet dans le développement de logiciels pour l’ABB Automation Builder. Des approches de l’industrie 4.0 vont ici faire leur entrée: «Des données standardisées et un modèle virtuel sont nécessaires à cette mise en parallèle car un objet physique n’existe tout simplement pas encore.» Les installations créées sur ordinateur peuvent ensuite être testées et mises en service virtuellement. On parle alors de Virtual Commissioning. La standardisation des données de planification et la grande précision des mises en service virtuelles réduisent considérablement les temps de mise en service et d’équipement et les risques du projet pour le planificateur et l’exploitant des installations.
Le modèle virtuel est aussi utile pour les installations réelles. Il est par exemple possible d’insérer des paramètres de production dans le modèle pour obtenir des informations sur l’entretien et l’optimisation de l’installation. Les modifications apportées à une installation, pour une rénovation par exemple, peuvent être réalisées au préalable dans un modèle virtuel afin de réduire les temps d’arrêt et d’équipement. En général, le coût initial du modèle virtuel est rentabilisé par une commercialisation plus rapide et des coûts estimés plus précisément.
«Dans l’industrie automobile, les adaptations virtuelles sont courantes. Dans la construction mécanique, la standardisation et les bibliothèques dégagent de nouvelles opportunités. Le téléchargement de modèles virtuels bien définis améliore l’efficacité et la rentabilité de la virtualisation dans son ensemble», explique Nicolas Mauser. «L’ABB Automation Builder répond d’ores et déjà aux exigences technologiques de la mise en service virtuelle, mais les processus de création de modèles de simulation doivent encore gagner en efficacité.»